Interview de Marie du blog Little Bunbao

Interprète en langue des signes française (LSF) et formée à la psychologie du développement de l’enfant, Marie est la maman épanouie de Bao, 2 ans. Elle attend un deuxième enfant pour le mois de juin. Nous avons eu le plaisir de l’interviewer pour le numéro 9 de La Tribu des Idées. Retrouvez ici l’intégralité de cette interview.

Pourquoi signer avec bébé ?

Pour un nombre incalculable de raisons mais la plus évidente, c’est que signer avec son bébé permet de réduire sa frustration. On met en place les signes avant l’apparition de la parole (on associe les signes puisés de la langue des signes aux mots prononcés à l’oral en même temps pour que le bébé puisse relier les deux). Ainsi il va pouvoir exprimer, au travers de ses mains, ses besoins comme la peur, la faim, son besoin d’être rassuré, apaisé ou aidé. C’est un bien joli outil pour comprendre que l’enfant est une véritable personne avec des besoins auxquels il est important de répondre. Ce sont donc des signes puisés de la langue des signes française (LSF) qui vont être associés à la parole. Mais les enfants ne vont pas être bilingue LSF car on ne fait pas de phrase, on utilise les signes comme des outils. Les signes ne permettent pas que ça chez le bébé, ils vont stimuler son éveil, sa coordination, sa motricité fine et surtout contribuer à construire une complicité avec la personne qui les lui apprend et les pratique avec lui. Quand on signe avec son enfant, on est entièrement connecté à lui : notre regard, notre corps… tout est tourné uniquement vers lui. Dans une ère où l’on vit le téléphone greffé à la la main et les yeux rivés sur des écrans, ce sont de véritables moments d’échanges de qualité.

« À partir de 6 mois, le cerveau de l’enfant commence à mémoriser les signes, c’est un âge clé pour s’y mettre »

Y a-t-il un âge idéal pour commencer ? Et un âge limite ?

On peut commencer à signer avec son bébé dès la naissance pour en prendre l’habitude. Les comptines signées vont être un sacré outil pour apaiser son tout petit. À partir de 6 mois, le cerveau de l’enfant commence à mémoriser les signes, c’est un âge clé pour s’y mettre. On va donc toujours signer le mot en le prononçant à l’oral, et le répéter dans le temps. À partir de 9 mois, les bébés commencent à avoir la capacité motrice à reproduire les signes qu’ils ont retenu pour exprimer ce dont ils ont besoin.

Il n’y a aucun âge limite pour se mettre à signer avec son enfant, bien sûr en fonction de son âge on va signer les mots qu’il ne prononce pas encore. Même pour les plus grands ça a une véritable utilité, comme celle de signer leurs émotions qui sont plus faciles à exprimer en signes lorsqu’ils sont submergés. Diverses activités linguistiques peuvent également être créées, autour par exemple des animaux, des aliments, pour découvrir du nouveau vocabulaire de manière ludique.

Par quoi commencer ? Pourriez-vous par exemple nous conseiller 5 signes incontournables ?

Chaque enfant est unique il en revient aux parent qui savent mieux que quiconque les choses essentielles pour leur enfant mais si je devais en conseiller quelques uns :

Le signe « encore ». Il va permettre au bébé de dire si il veut qu’une action se prolonge comme pour le bain ou le repas ou bien des moments d’échanges comme des câlins des chatouilles ou des chansons.

Le signe « fini ». Le bébé va pouvoir informer sans pleurer ou se mettre en colère qu’il souhaite que l’action en cours se termine : comme pendant le bain si il a froid, un soin, le repas etc.

Le signe « tétée » ou « lait », pour qu’il puisse nous dire qu’il a faim ou besoin de réconfort.

Le signe « peur ». C’est un signe qui est très vite signé par les tout petits il permet de mieux

comprendre leurs craintes qui sont à cet âge très intenses et difficiles à identifier.

Le signe « Changer la couche ». Une couche souillée n’est pas franchement agréable pour eux et va mettre certains bébé dans un véritable inconfort et provoquer des pleurs, c’est donc un signe qui permet de vite remédier à cette situation.

Quand et comment avez-vous découvert la LSF ? Vous l’avez pratiquée avec Bao ?

C’est une histoire d’amour de longue date. J’ai découvert la langue des signes Française lorsque j’étais enfant dans un livre à la bibliothèque, et j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette langue. J’en ai fait ensuite ma vocation ça a dessiné tout mon parcours scolaire, mes études et formations. Je suis devenue ensuite interprète Lsf /français auprès des enfants atteints de surdité dans le milieu scolaire. Et une fois que je suis devenue maman, je me suis retrouvée comme beaucoup impuissante face aux pleurs de ma fille, à ne pas comprendre ce qui n’allait pas, ce dont elle avait besoin, la cause de ses nombreux pleurs. Je savais qu’aux États Unis les signes de l’ASL étaient utilisés avec les bébés pour leur permettre de communiquer, je me suis donc mise à lui signer les mots importants correspondants à ses besoins et ainsi tout naturellement j’ai commencé à mettre en place avec elle les signes, et lui faire des comptines signées qui l’apaisaient des manières impressionnantes lors des trajets en voiture, chez le pédiatre et autres situations inconfortables pour elle. Un vrai succès ! Elle a commencé à signer « encore » lors des repas vers 10 mois, ce qui nous a permis de découvrir ce qu’elle appréciait vraiment . Puis après l’acquisition de la marche, ce fut l’explosion au niveau de son lexique. Tous les signes que son cerveau avait vu, elle les avait retenu. Ce fut un vrai bonheur de la comprendre aussi facilement !

« Il faut foncer et semer les graines du maternage pour un plus large épanouissement des familles »

Au-delà des bienfaits de la LSF, c’est toute la notion de maternage proximal que vous défendez ?

Le maternage proximal est au cœur de ma parentalité. Il a été une évidence au fil des découvertes. Il a permis mon épanouissement, celui de ma fille et celui de ma famille toute entière. Alors forcément j’informe sur ce sujet dont on ne parle pas assez, il me semble

capital d’en connaître l’importance pour le développement de l’enfant et des parents. Encourager la mère comme le père à s’écouter, se fier à son instinct, répondre aux besoins de leur enfant et envoyer valser les conseils poussiéreux qu’on peut nous rabâcher qui vont à l’encontre du bien être du bébé comme du parent, me semble primordial. Les neurosciences appuyant tout cela, il n’y a pas de place au doute : il faut foncer et semer les graines du maternage pour un plus large épanouissement des familles.

« Le grand guide des signes avec bébé » est votre premier livre ? Comment s’est passée la collaboration avec Hachette ? Et avec l’illustratrice Emmanuelle Pioli ?

C’est mon tout premier livre, un véritable prolongement de ce que je partage sur les réseaux: des signes puisés de la LSF et du maternage proximal. Je n’aurais jamais pensé avoir la chance d’écrire et d’être éditée, alors quand les éditions Marabout Hachette m’ont contacté pour « écrire le livre de ma vie » j’ai cru que c’était un canular ! Deux éditrices formidables m’ont pris sous leurs ailes toutes deux jeunes mamans et convaincues de la réussite de ce livre elle m’ont guidé dans cette aventure, un smile et un enthousiasme qui m’ont permis de foncer et saisir cette chance. Elles m’ont de suite proposé en illustratrice Emmanuelle Pioli elles ont ouvert son dernier ouvrage dont elle avait réalisé les illustrations : il a fallu juste un coup d’œil pour comprendre qu’elle était l’illustratrice de mon livre : un univers rond, doux et coloré se mêlant parfaitement au mien, une véritable chance pour moi ! Emmanuelle a su au fil des semaines comprendre toute l’importance des signes de la LSF, de cette langue dans laquelle on pioche et qui me tient tant à cœur. Elle s’est appliquée à respecter l’ensemble de la magie de chaque signe en traduisant à merveille les expressions du visage et la complexité de certaines configurations, pour un résultat coloré et chaleureux.

« Depuis que Bao est née, je danse avec elle »

Quelles sont les activités que vous partagez avec Bao ?

Depuis que Bao est née, je danse avec elle. Au départ c’était pour la bercer en portage et décompresser des longues journées pour la re-motiver puis c’est devenu un rituel une activité qui illumine la maison et transforme la lassitude, la fatigue en éclats de rire. On l’utilise pour décharger lors des journées trop intenses tristes ou lourdes. La lecture a également une place capitale dans nos journées, et maintenant qu’elle grandit le skate et le surf, passions qui ont permis à mon mari et moi de nous rencontrer, nous voulons le partager avec elle.

De mon côté, la photographie reste au cœur de mes passions et j’ai la chance de pouvoir l’intégrer à une partie de mes activités professionnelles : la création de contenu sur les réseaux sociaux.

Merci de bien vouloir citer 3 blogs ou compte instagram que vous recommanderiez, en expliquant pourquoi en une phrase.

Le compte instagram que tout parent ou futur parent devrait connaître : @lamatrescence, une pépite d’Instagram au travers de Clémentine Sarlat qui informe sur le phénomène de la matrescence qui touche sans le savoir tous les parents.

Le blog de @novaswithlove : un puits sans fin d’infos fiables et récentes pour accompagner les parents dans le maternage proximal et notamment au niveau du sommeil de l’enfant qui restent pour beaucoup un cause de stress intense.

La formidable illustratrice @fannyvella qui, à travers des dessins, réalise l’impensable : mettre en lumière le point de vue de l’enfant du bébé, un véritable soleil dans l’univers du maternage, elle éclaire ainsi de nombreux parents.

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